I. Influenceuse digitale :
Un métier en mutation depuis sa création
Les influenceuses aujourd’hui font partie de notre quotidien, nous sommes tous devenus des adeptes des réseaux sociaux et nous suivons ces jeunes filles qui nous dictent les tendances vestimentaires et cosmétiques du moment. Elles font la promotion d'une marque ou d'un produit à grands coups de posts, de photos et de vidéos. Elles sont de nouveaux panneaux publicitaires !
Mais ce métier qui semblait plein d'avenir, serait déjà en train de disparaître. Comment ce métier s'est il créé ? Les influenceuses ont-elles perdu leur indépendance ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur le métier ? Les influenceuses risquent-elles d'être remplacées ou de disparaître des réseaux sociaux ?
Pour répondre à ces questions, il est impératif de prendre plusieurs points de vue. En France, mais aussi à l'étranger, comme le Brésil, pays où ce métier commence à se développer.
La naissance des influenceuses sur la plateforme Instagram et l'origine de ce métier
En 2005 YouTube est crée en Californie. Des jeunes femmes se servent des plateformes type Youtube pour réaliser des tutoriels beautés. En 2010, c'est la naissance de la plateforme Instagram, les Youtubeuses basculent sur ce réseau social et commencent à poster des photos et à parler de leur vie privée, de leurs goûts vestimentaires ou cosmétiques. Des panneaux publicitaires et un marketing en ligne se créent autour d’elles.
Aujourd'hui, la plateforme Instagram est utilisée pour tout type de commerce et publicité. Elle compte aujourd’hui plus d’1 milliard d’utilisateurs actifs, dont 14 millions en France. En 2018, 62% des Français utilisent Instagram.
Sur Instagram, 54% sont des femmes et 46% sont des hommes, selon les chiffres de la plateforme.
Source : Blog Digimind
Une étude réalisée par Guillaume DOKI-THONON co-fondateur de Reech - agence de marketing d'influence - , analyse que les thèmes les plus visionnés sur Instagram sont le lifestyle, la mode et la beauté.
Il apparaît que la plupart des influenceuses sont d'anciennes blogueuses à succès sur ces thèmes plébiscités.
Gabriella Coffoni, de Reward Style, au Brésil - entreprise créée et gérée par une influenceuse - le confirme :
"Tout a commencé de 2003 à 2010, où les personnes utilisaient les blogs comme un hobby et une passion pour partager des sujets qui leur tenaient à coeur.
Ensuite, de 2010 à 2014, Youtube est apparu et les blogs ont réussi à avoir une meilleure visibilité. Tout cela a attiré l'attention des internautes et des marques. Ils ont vu qu'il y avait quelque chose à faire avec cela."
Pour suivre ce raisonnement, Camille Charrière, influenceuse franco-anglaise, avec plus de 630 000 followers, donne une interview pour Vogue Paris en février 2018. Elle explique l'origine de ce métier et avoue que :
"Les blogueuses sont devenues influenceuses car les marques ont décidé de leur consacrer une part de leur budget marketing, habituellement réservé à la publicité. Au tout début, on n’était pas ou peu payées, on faisait ce qu’on voulait sauf qu’au fur et à mesure, de plus en plus de marques se sont intéressées à nous. Elles nous font désormais signer des contrats avec tel produit à poster, tel jour, à telle heure, avec un cahier des charges précis."
Elle devient par la suite une influenceuse et une business girl, et se retrouve dans le Top 15 des influenceuses les plus suivies au monde.
La création d'une icône digitale
Aujourd'hui les influenceuses sont aussi des business girls, elles créent leurs entreprises, participent à des évènements de charité. Elles sont aussi très proches de leurs followers. Comment devient-on influenceuse ?
Nous avons reconstitué le parcours d'Alice, devenue une influenceuse française reconnue. La jeune femme, peut témoigner de la difficulté à devenir une influenceuse qui compte sur les réseaux.
La plateforme Brut poste le 22 Octobre 2018, une image polémique mais vraie, voulant montrer la réalité des réseaux sociaux. Ils sont accessibles à tous et les jeunes filles - les plus touchées, car les plus "naïves" ? - s'identifient aux influenceuses, que ce soit dans leur physique ou dans leur comportement.
L'image sur Instagram peut choquer, mais montre que des jeunes filles regardent avec une énorme admiration la jeune femme, aux courbes parfaites. Elles contrôlent les esprits crédules.
Comme il est possible de le voir dans la vidéo qui suit, Alice, assimile le terme "influenceuse" au terme "manipulateur". Une beauté est imposée ainsi qu'un type de pensée.
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Qui sont-elles à l'origine ?
Derrière tout ce maquillage et ces artifices des réseaux sociaux, il existe une femme : Alice. 27 ans, parisienne. En 2015, elle arrive à Montpellier, dans le Sud de la France.
Son parcours est plutôt tourné vers le littéraire et l'artistique. Tout commence par l'obtention d'un BAC L option arts plastiques, sa passion depuis qu'elle est toute petite.
En 2009, elle intègre une école de communication, décroche une licence à l'ECV Paris, où elle apprend le design, le packaging, l'identité visuelle, le dessin, entre autres matières. Elle obtient un Master en communication visuelle, qui lui donne le statut de Concepteur/ Créateur, Designer Graphique.
Son expérience s'étend à l'étranger, où elle intègre une agence de publicité et plus tard une start-up"qui m'a donné les clés pour m'en sortir toute seule", souligne-t-elle.
En rentrant en France, elle décide de créer sa propre entreprise : AC Graphic Design et tisse son réseau dans la région. Elle enchaîne "de toute façon je ne me fais pas payer, si la personne n'est pas satisfaite".
"Ensuite, je me suis vite
ennuyée derrière mon écran"
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Un changement de carrière
Alice s'ennuie vite derrière son écran. Elle trouve de nouvelles idées et commence à travailler avec des événements et marques comme Filorga, qui aujourd'hui est toujours à ses côtés pour réaliser divers workshop. C'est à ce moment là qu'elle développe le métier de community manager : en plus de leur proposer un logo, un site internet, un support, elle gère aussi leurs comptes Instagram : préparation de posts, réalisation de shootings dans les boutiques, rédactions des légendes des posts, planification des posts...
Et c'est là où tout commence. Elle entendait toujours la même phrase : "Alice, tu ne peux pas te proclamer community manager et toi, avoir très peu d'abonnés".
Elle décide donc de se mettre en scène sur les réseaux sociaux, grâce à ses aptitudes en rédaction, connaissance du réseau Instagram. "Il faut juste assumer qu'on va être un plus pour la marque".
Alice n'arrête jamais ! Son blog se met en place : Alicecatdesigner. Un blog où elle post ses coups de coeur mode, beauté, lifestyle, shootings. Notre influenceuse, publie des articles sur sa vie privée, mais aussi les troubles alimentaires dont elle souffrait. Plusieurs jeunes filles ayant ce type de problèmes, suivent les conseils d'Alice et la voient comme une inspiration. Ce genre de récit nous prouve que les influenceuses des réseaux sociaux, ont leurs soucis, leurs complexes et ce n'est pas toujours aussi facile.
"Pas mal de filles me suivent et qui ont notamment des troubles du comportement alimentaire, avec qui j'entretiens des relations étroites : quand elles ne sont pas bien je leur dis de m'appeler. Il y a aussi des personnes qui ont des problèmes de famille qui viennent se confier à moi. Je sais qu'il y en a un - je ne vais pas citer son nom - qui me suis sur Instagram, car ses enfants ne lui parlent plus et moi je suis souvent là pour lui remonter le moral. Il y a toujours des sujets qui ressortent et qui peuvent être discutés. Je suis toujours là pour eux."
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Sa vie d'influenceuse en 2019
Elle a plusieurs casquettes, celles de graphiste, organisatrice d'évènements, community manager et influenceuse sur Instagram. Sur les réseaux sociaux elle s'intéresse aux domaines du lifestyle, de l'entrepreneuriat féminin, comme elle le souligne "je suis à fond derrière les femmes qui entreprennent". Ensuite elle est beaucoup dans le social, où elle essaye de faire connaître des petites marques françaises, grâce à son réseau Instagram de 41 000 de followers.
Alice nous prépare quelques petits projets : elle souhaite continuer dans l'événementiel, comme celui du 20 novembre 2018. Son rêve ultime serait de fusionner son compte Instagram et son activité, c'est à dire créer un package global en commençant par la création du logo, en passant par la création d'une charte graphique, les supports de communication etc...
En plus de ce projet, elle souhaite réaliser des voyages aux destinations que peu de personnes connaissent, qui sont accessibles à tous et les faire découvrir à ses abonnés.
Enfin, voyager à travers la France, connaître d'autres villes et "se nourrir des gens" comme le souligne Alice.
EVENEMENT DU 30 NOVEMBRE 2018
Luxe Urbain
27 Quai Marechal de Lattre de Tassigny - Sète
Avec Alice, nous sommes allées à la rencontre de Myriam, notre hôtesse pour l'événement au Luxe Urbain.
Son histoire : elle hérite de l'immeuble où se trouve son showroom, qui peut être réservé pour des essayages et permettre à des marques débutantes sur le marché de se faire connaître en exposant leurs travaux.
En quelques posts Instagram, voici comment Alice a vécu l'événement.
N'oubliez pas d'éteindre la musique pour regarder la vidéo ! Clic here !
Ca vous renvoie en haut de la page !
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Quel avenir ?
Trois interviews bonus sur la perception du métier d'influenceuse et la plateforme Instagram ! Lucas Di Oslo, coiffeur et visagiste, qui a rencontré Alice grâce à Instagram et compte se faire connaître sur ce réseau social ; Thibault, infirmier et compagnon d'Alice, nous parle de leur quotidien. Finalement, une interview avec Violette Taupin, maquilleuse professionnelle, qui veut aussi se faire connaître sur Instagram. Pendant l'événement, elle maquille les personnes qui le souhaitent et font sa pub sur les réseaux.
Toutes les vidéos
Toutes les vidéos
Lucas ITW
Thibault ITW
Violette ITW
"C'est quelque chose que nous avons commencé en couple"
Thibault
"Le métier d'influenceur se perd, parce que c'est devenu trop commun"
Lucas Di Oslo
"Je gagne en visibilité"
Violette Taupin
L'influenceuse deviendrait un vecteur de communication pour les produits et les marques grâce à Instagram.
Serait-ce un signe de mutation du métier ?
Les premiers signes de mutation
"Il ne s'agit pas seulement de montrer son visage et dire que c'est super, il y a une vraie création de contenu"Ariane Fornia.
Ariane Fornia commence sa carrière d'écrivain à l’âge de 14 ans : en 2004 avec ses livres Dieu est une femme et La Déliaison. Deux ans plus tard, elle commence à rédiger ses premières piges pour Métro et Ca balance à Paris.
Elle commence un blog en 2007 et sans rémunération, continue à l'alimenter et à rédiger pour le groupe Jeune Afrique jusqu'en 2015.
Grâce à cette expérience, elle devient journaliste-photographe indépendante et lance le blog Itinera Magica - blog spécialisé dans le voyage et le tourisme. Elle travaille aussi pour Version Femina et elle réalise des reportages pour des offices de tourisme.
Sur son blog Itinera Magica, Ariane Fornia réalise un compte rendu de l'évènement VZB à Munich, au sujet de la relation entre presse et les influenceurs.
Que pensez-vous des influenceuses Instagram aujourd’hui ? Y a t-il eu des mutations dans le métier ? Pensez-vous qu’il est en voie de disparition ?
Influenceuses et influenceurs, ce n’est pas réservé aux femmes, je n’aime pas trop le fait de féminiser le terme car cela réduirait le métier aux quelques influenceuses stars de la beauté et de la mode. Or le métier est riche et divers, des femmes et des hommes travaillent dans des domaines très différents. J’insiste là-dessus car le fait de dire juste « influenceuses », restreint le champ à un type très précis d’influenceuses (mode, maquillage, etc), et le métier est beaucoup plus varié que cela.
Pour la mutation du métier, oui, je pense qu’il se transforme, dans le voyage par exemple, nous sommes nombreux à produire photos, vidéos, opérations de marketing complètes pour les offices du tourisme. Il ne s’agit pas seulement de montrer son visage et dire que c’est super, il y a une vraie création de contenu – aujourd’hui, les gros influenceurs fonctionnent comme des agences de communication, avec une équipe technique.
Au début des années 2000 les influenceuses étaient indépendantes, que sont-elles devenues ?
Je vais prendre les influenceurs/ blogueurs voyage, pour faire un comparatif entre les domaines : le phénomène est plus récent. La plupart des influenceurs à succès dans le monde du voyage fonctionnent comme des agences de communication, créant du contenu pour les destinations. Plus ils ont de succès, plus ils peuvent se permettre de sélectionner leurs projets, de choisir uniquement ce qui les intéresse, je dirais donc que cela leur confère une plus grande indépendance.
Que serait le monde sans influenceuse pour vous ?
Que serait le monde sans journalistes, sans photographes, sans vidéastes, sans publicitaires, sans agences de communication… il continuerait de tourner, bien sûr, mais on perdrait à la fois en information, en consommation et en divertissement – pour moi, les influenceurs occupent ces trois fonctions et exercent tous ces métiers. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, les influenceurs sont des professionnels, des chefs d’entreprise, des créateurs de contenu. Leur contribution à l’industrie du tourisme va bien au-delà de quelques posts Instagram. Une grande partie de la communication des
offices de tourisme, par exemple, est issue du travail des influenceurs qu’elles ont acheté pour les utiliser sur leurs propres réseaux (vidéos, photos…).
Finalement, Ariane prend conscience des mutations de cette profession et que les influenceurs deviennent de vraies agences de communication et des créateurs de contenus, qui peuvent entrainer des liaisons dangereuses avec certaines marques.
Ariane Fornia
Source : Le Journal des femmes